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Prix très bas en cette fin de saison approchant et possibilité d’avoir 25 000 ha de pommes de terre en plus à travers la zone NEPG

Les statistiques officielles sur les surfaces de pommes de terre, ventilées entre pommes de terre de consommation (table et transformation), plants de pommes de terre et pommes de terre fécules, ne sont pas encore disponibles. L’augmentation des surfaces est provisoirement estimée à 5 % dans la zone NEPG, soit 25 000 ha. Cette estimation sera affinée au fur et à mesure de la publication des statistiques officielles dans les prochaines semaines. Malgré quelques pluies au cours des derniers jours — et déjà quelques limitations de l’irrigation — la sécheresse reste un problème important. Les traitements herbicides de post-levée présentant une certaine phytotoxicité pourraient également ralentir la croissance et pourraient, parallèlement à la sécheresse, avoir un impact sur les rendements finaux.

Les producteurs de pommes de terre se demandent encore parfois pourquoi les prix à la production ont chuté si brutalement au début du mois de mars… Une combinaison de facteurs peut expliquer pourquoi, soudainement, presque tout est allé de travers. Le NEPG rappelle une fois de plus pourquoi les producteurs devraient être prudents en ce qui concerne la culture de pommes de terre. Les alternatives rentables à la pomme de terre sont rares. Les patatiers pensaient que l’industrie de la transformation de la pomme de terre était une activité infiniment en expansion (regardez toutes les nouvelles unités de transformation prévues !) ; ils ont été incités à continuer à se développer également et sont tombés dans le piège.

Pourquoi les prix aux producteurs ont-ils chuté aussi dramatiquement ces derniers mois ? La forte chute des cours, de 300 €/t fin février à 75 €/t actuellement, est une conséquence due à de multiples facteurs qui se sont développés plus ou moins aux mêmes moments. Les exportations de frites surgelées et d’autres produits à base de pommes de terre ont commencé à ralentir dès l’année dernière. Les ventes sur le marché mondial des produits transformés se sont détériorées. Les ventes de frites et autres produits de pommes de terre de la zone NEPG (UE-4 : Belgique, Allemagne, France et Pays-Bas) ont diminué de 1,8 % en volume entre 2023 et 2024 (source : Eurostat), une baisse historique (hors crise Covid). Le prix de vente moyen, qui avait augmenté de 64 % entre 2021 et 2023, stagne en 2024 et tend à baisser en 2025. La concurrence sur les marchés asiatiques est réelle, la Chine et l’Inde ayant multiplié par dix leurs exportations en cinq ans.

Il a également fallu du temps pour réaliser que les coûts de production étaient de plus en plus élevés, non seulement pour les producteurs, mais aussi pour les transformateurs, les prix des frites européennes congelées étant supérieurs à ceux du Canada, de la Chine, de l’Inde ou d’autres nouveaux entrants sur le marché. Les nouvelles taxes et les nouveaux droits de douane décidés par le président américain ont ralenti, voire stoppé, les exportations européennes de produits transformés. Les incertitudes économiques provoquées par le locataire de la Maison Blanche ont également affaibli le dollar américain et rendu les produits européens plus chers.

Au cours des dernières années, très peu d’autres cultures n’ont permis aux agriculteurs de gagner plus d’argent que la pomme de terre. Les prix d’achat en libre, très élevés à la fin des printemps 2023 et 2024 — bien que ne concernant qu’environ 5 % de la récolte — ont conduit les agriculteurs à penser que des prix bas ne se reproduiraient pas. Certaines graves erreurs dans le secteur de la transformation ont également été commises avec une partie de la récolte 2024, ce qui s’est traduit par des frites de qualité médiocre et de mauvaises ventes. Par ailleurs, les plantations hâtives et une récolte de conservation historiquement précoce ont conduit le secteur à prendre conscience que les restes de la production 2024 pèseraient rapidement sur le marché, alors que la nouvelle récolte levait et était annoncée plus tôt que d’habitude.

Les quelques pluies d’avril, de mai et de début juin, bien qu’historiquement très inférieures aux moyennes habituelles, ont temporairement éloigné le spectre d’une grave sécheresse et ont permis aux pommes de terre en train de lever de se développer rapidement. Cela a empêché les prix de se stabiliser plus tôt, voire même de repartir à la hausse. La sécheresse et le temps chaud ont cependant permis aux pommes de terre de bien s’établir et de s’enraciner dans de bonnes conditions, ce qui devrait leur permettre d’être plus résistantes en cas de manque de pluie ou de retards climatiques.

Les producteurs européens évoluent désormais dans un monde et un marché toujours plus globalisés. La compétition est forte et le marché fragile, avec de plus en plus d’acteurs dans différentes zones du monde. Le marché des produits transformés — les frites en premier lieu — reste en croissance, mais la concurrence avec d’autres acteurs mondiaux devient de plus en plus intense. La collaboration entre les différents acteurs de la « chaîne de valeur pomme de terre » est donc essentielle pour améliorer notre compétitivité.

Les coûts de production des producteurs européens n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Les prix européens des frites congelées et d’autres produits transformés sont plus élevés que les prix canadiens, et encore davantage que les prix chinois ou indiens, principalement en raison des coûts plus élevés de l’énergie et du transport. Il est ainsi moins coûteux pour les industriels de la frite égyptiens, indiens ou chinois d’exporter vers leurs voisins que pour les transformateurs européens, dont les itinéraires logistiques sont bien plus longs.

En plus de leurs coûts de production élevés, les producteurs européens doivent faire face à des exigences environnementales et réglementaires plus strictes. Le changement climatique est aussi plus rapide et plus marqué sur le continent européen qu’ailleurs, avec beaucoup plus de pressions sociétales et politiques (réduction des traitements phytosanitaires, normes nitrates, usage limité de l’eau, réduction de l’empreinte carbone, etc.) que ce que connaissent les producteurs d’autres régions du monde.

Enfin, d’autres facteurs aggravants viennent s’ajouter : problèmes de sols (nématodes, taupins, souchet comestible…), maladies émergentes comme le Stolbur, ainsi qu’un durcissement législatif général. Tout cela rend la culture de la pomme de terre à la fois plus complexe techniquement et plus risquée financièrement. Les producteurs ont probablement surestimé la rentabilité à long terme de cette culture. Ils devraient désormais prendre conscience des nombreuses limitations avant que les gouvernements n’interviennent avec encore plus de législation (rotations obligatoires plus longues, interdictions de culture dans certaines zones à risque — pollution de l’eau, érosion —, restrictions accrues sur les produits phytosanitaires, etc.).

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