DOSSIER SPÉCIAL
Énergie & stockage : maximiser la qualité sans faire exploser ses factures
Ventiler au bon moment, maîtriser température et hygrométrie, surveiller le CO₂ : un pilotage fin réduit les coûts sans compromettre la qualité des tubercules.
Le stockage de la pomme de terre concentre deux enjeux majeurs : préserver la qualité des tubercules sur plusieurs mois et limiter la consommation d’énergie, un des postes les plus lourds de l’exploitation avec l’irrigation. Selon Arvalis, il représente 30 à 40 % des consommations d’énergie primaire, dont ≈ 80 % d’électricité en stockage frigorifique.
Un bâtiment adapté : la base de la conservation
Une structure bien isolée et étanche réduit le recours aux ventilateurs et au froid, stabilise le microclimat et aide à maintenir une HR de 90–95 % pour limiter la perte de poids. À l’inverse, un air trop sec accentue la freinte, et la condensation favorise les pathogènes et les brûlures lors des nébulisations. Renforcer l’isolation (ex. passer de 8 à 12 cm de PU) diminue sensiblement les transferts thermiques et stabilise la température du lot.
« Le premier levier, c’est la conception du bâtiment : étanchéité et isolation profitent à la fois à l’énergie et à la qualité sanitaire du lot. »
— Morgane Flesch, Ingénieure stockage Arvalis
Les premières semaines : une phase déterminante
Jusqu’à 40 % de l’électricité annuelle peut se concentrer sur les 4–6 premières semaines (séchage puis descente en température). Une récolte quelques degrés plus fraîche (en période chaude) génère typiquement 5–15 % d’économies et réduit condensation et risques bactériens. Maîtriser la température d’entrée, c’est agir simultanément sur la facture et le potentiel de conservation.
Ventiler intelligemment : timing et modulation
L’air extérieur coûte en moyenne ≈ 3× moins que le froid artificiel, mais son usage demande HR élevée et bon timing. Après le séchage, éviter l’air sec (freinte). Règle pratique : privilégier la ventilation nocturne 22 h → 8 h (air plus humide et stable). Les variateurs de fréquence adaptent le débit aux besoins réels : la puissance varie avec le cube de la vitesse, donc ÷2 en vitesse ≈ ÷8 en puissance.
Le rôle du CO₂ : un paramètre à surveiller
Au‑delà de T° et HR, suivre le CO₂ et éviter > 5 000 ppm. En industrie avec éthylène, viser ≤ 3 000 ppm (couleur en friture). Des sondes CO₂ et des extracteurs limitent la concentration sans longues ventilations énergivores.
Isolation, maîtrise du refroidissement, ventilation raisonnée et extraction ciblée du CO₂ forment un pack qui réduit la facture tout en sécurisant la qualité sanitaire et marchande du lot.